mardi 7 février 2012

Si fragile...


Je discutais récemment, avec une enseignante du primaire, des troubles anxieux et de la dépression qui touchent les élèves.  Alors qu’on ne cesse de multiplier les campagnes pour sensibiliser les adultes à cette maladie, on oublie que trop souvent, de jeunes (et même de très jeunes) enfants en souffrent. 
Bien que les symptômes puissent différer d’un jeune à l’autre, je ne crois pas me tromper en affirmant qu’une des principales sources de ces maux est le stress.  « Oui mais le stress de quoi? Ils n’ont que 5-10-15 ans, ils n’ont pas nos responsabilités, notre rythme de vie, etc. » me direz-vous.  Il est faux de penser que malgré leur bas âge, ils n’ont pas un bagage de vie déjà bien rempli…
N’étant pas médecin, encore moins psychologue, je ne m’aventurerai pas trop sur le sujet.  Ce dont je souhaite vous parler, c’est plutôt d’une situation que je viens de vivre.
En tant que pédagogue, mon travail consiste d’abord et avant tout à enseigner à vos jeunes.  Sur papier, la mission éducative de l’école québécoise est « Instruire, socialiser, qualifier ».  Dans la réalité, à tous les jours, je joue le rôle de prof, de maman, de psychologue, d’infirmière, et j’en passe… « Jess, j’ai pas renouvelé ma pilule, on n’a pas mis de condom, j’suis enceinte, j’fais quoi? J’capote, aide moi! » « Jess, j’ai des palpitations à cause de mon Biphentin, je fais quoi? » « Jess, j’suis à l’hôpital, ma mère m’a frappée, tu peux me donner du travail pour pas que j’prenne de retard? » « Jess, je vais devoir m’absenter plus souvent, je fais une dépression et mon médecin veut que je me repose. » « Jess, garde des comprimés de mon Concerta au cas que j’oublie de le prendre le matin. » ... et j’en passe…
Je n’ai pas l’intention de me plaindre… Au contraire, je suis en enseignement par passion et par choix, et non par obligation!  Je trippe sur ma job et me considère très chanceuse de pouvoir la faire!  Mais oui, il est vrai que tout serait plus facile si je pouvais JUSTE faire ma job, lire ici : enseigner!
Vendredi dernier, on a dû faire un arrêt d’agir sur un de mes jeunes.  Symptômes dépressifs profonds, trouble anxieux, en sevrage de drogues dures, suicidaire… Ça fait déjà plusieurs jours qu’il souffre, au début en silence, ensuite en se confiant à moi, aux psychoéducateurs, à la TES… Mais vendredi, il a éclaté en sanglots, s’est frappé la tête sur le mur de briques, a à nouveau verbalisé ses idées suicidaires… Il n’en fallu pas plus, un signalement à la DPJ ayant déjà été fait, on a décidé de le rentrer d’urgence à l’hôpital afin de le faire observer en psychiatrie. 
Le suicide, on ne niaise pas avec ça….JAMAIS!  Ne sous-estimez jamais un cri du cœur, ne cessez jamais de questionner vos jeunes… Prenez le temps de vivre avec eux, à chaque jour!  Pas seulement quand Isabelle Gaston passe à Tout le monde ne parle, pas seulement quand la petite Marjorie se suicide, pas seulement quand les médias vous rappellent combien la vie est fragile…

1 commentaire:

  1. Merci de partager cette tranche de vie, je suis touchée. Si les jeunes vont vers toi c'est que tu fais ce qu'il faut. Pas évident. Bonne continuité.

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